Le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui tiendra du 29 février au 2 mars à Alger son 7e sommet, est apte à promouvoir le gaz naturel comme ressource de transition, a indiqué l’expert algérien Mostefa Ouki, chercheur principal à l’Oxford Institute for Energy Studies (OIES), estimant que les pays exportateurs sont devant des « défis complexes » pour que le rôle du gaz naturel « ne soit pas remis en cause ».
« En ce qui concerne la question de la transition énergétique, le GECF est naturellement bien placé pour promouvoir le développement durable du gaz naturel en tant que carburant de transition », a-t-il déclaré à l’APS, ajoutant que « le cadre de coopération qu’offre le GECF pourrait aussi faciliter le partage d’expériences et de meilleures pratiques concernant les projets de réduction des empreintes carbone déjà initiés par certains pays membres du Forum ».
Relevant l’importance du Sommet d’Alger pour l’Algérie et pour les autres pays exportateurs de gaz, M. Ouki considère que « les pays exportateurs de gaz doivent se préparer à relever des défis complexes pour que le rôle du gaz naturel ne soit pas remis en cause », même si « la déclaration finale de la COP28 reconnait indirectement le rôle du gaz naturel dans la transition énergétique ».
La tenue du sommet et ses réunions connexes coïncident pratiquement avec le 60e anniversaire de l’arrivée en 1964 à Canvey-Island au Royaume Uni de la première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) algérien, un évènement historique, puisqu’il marquait le lancement du commerce international de GNL, rappelle cet expert.
La rencontre intervient aussi dans un contexte particulier aussi bien sur les plans géopolitiques qu’énergétiques souligne M. Ouki, citant en ce sens la crise en Ukraine, la nouvelle politique européenne interventionniste dans la gestion des marchés du gaz, l’émergence des Etats-Unis comme le plus gros exportateur de GNL, ainsi que les mesures européennes de décarbonation.
Le chercheur affirme que le gaz naturel « continuera à jouer un rôle important dans le mix énergétique de plusieurs pays, surtout dans des régions comme l’Afrique, le Moyen Orient et l’Asie », notant néanmoins que l’exploration/production, le traitement, le transport et la commercialisation du gaz naturel « devront être en adéquation avec les conditions de durabilité et de réduction d’empreinte carbone ».
« La transition énergétique prendra du temps et se manifestera sous différentes formes et horizons dans différentes régions du monde », a-t-il estimé.
A une question sur le rôle grandissant de l’Algérie sur la scène internationale, en tant que fournisseur sûr et fiable, l’expert énergétique souligne que l’Algérie « peut continuer à jouer un rôle prépondérant dans l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel » compte tenu de ses avantages dont sa proximité géographique des marchés européens consommateurs, et l’existence de gazoducs transfrontaliers liant l’Algérie à l’Europe ».
Il s’agit aussi de la disponibilité des complexes de GNL à l’Ouest et l’Est du pays, a-t-il ajouté, relevant que l’Algérie aura besoin d’augmenter les volumes de gaz naturel disponibles à l’exportation tout en continuant à satisfaire la demande nationale de gaz.
Ceci nécessite, entre autres, un « accroissement des investissements en amont, une maitrise de la croissance rapide de la demande nationale de gaz et une réduction de l’empreinte carbone de la chaîne de valeur de l’industrie gazière, indique l’expert gazier.