Le 7e Sommet du Forum des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu à Alger en fin de semaine (29 février-2 mars), servira de plateforme pour discuter des changements survenus sur la scène énergétique mondiale notamment durant les années 2022 et 2023, a affirmé l’expert russe en énergie, Igor Yushkov, n’excluant pas des « actions communes » des pays participants afin de stabiliser le marché gazier.

S’exprimant dans un entretien à l’APS, M. Igor, universitaire et analyste au sein de la Fondation russe de la sécurité énergétique, a affirmé que « le 7e sommet du GECF en Algérie servira de plateforme pour discuter des changements en cours sur le marché mondial du gaz, notamment la question du climat et des actions des pays occidentaux qui poussent activement pour la décarbonation et le développement des sources d’énergie renouvelable ».

Dans ce contexte, l’expert russe a relevé les principaux points qui seront examinés lors du 7e sommet du GECF, assurant que les parties prenantes de ce forum devraient aborder la question de la demande mondiale de gaz dans les années à venir en raison de l’accélération de la politique de décarbonation, notamment de l’Union européenne, prônée déjà depuis quelques années.

« L’UE est la plus active en matière de décarbonation et de développement des sources d’énergie renouvelable. Cela est logique, car les pays européens ne veulent pas accroître leur dépendance aux importations de produits énergétiques. Ils préfèrent miser sur les énergies renouvelables », a expliqué M. Igor, soutenant que « cette politique avait un impact significatif sur le marché mondial du gaz ».

En parallèle, des entreprises des pays exportateurs de gaz, qui ont investi des milliards de dollars dans le développement de nouveaux gisements ou la construction d’infrastructures pour le transport de gaz (usines de GNL ou gazoducs), risquent de ne pas pouvoir récupérer leurs investissements en raison du risque de la baisse de la demande, d’un éventuel excès de l’offre qui entraînera une baisse des prix du gaz, du pétrole et du charbon.

De telles prévisions devraient être examinées lors de ce 7e sommet qui constitue également, selon le même expert, une occasion de revenir sur les changements survenus au niveau du marché gazier durant les années 2022-2023.

« Le principal défi de l’industrie gazière mondiale reste l’instabilité »,a-t-il encore soutenu en citant particulièrement les pénuries d’approvisionnement sur le marché mondial et la hausse des prix enregistrées dans le contexte de la crise ukrainienne.

« Bien que le marché mondial du gaz soit actuellement en train de se stabiliser, une nouvelle vague de changements est toujours possible dans un avenir proche. Des ruptures de livraisons gazières pourraient se produire, ce qui entraînerait une nouvelle hausse des prix, notamment en Europe. En Asie, surtout en Chine, il pourrait y avoir également une hausse de la consommation », a-t-il également expliqué.

« Cependant, entre 2026 et 2030, de nombreuses usines de GNL seront mises en service dans le monde, entre autres, aux Etats-Unis, au Qatar et en Australie. Cela entraînera une augmentation de l’offre sur le marché mondial et une baisse des prix. Et une période de prix bas réduira l’intérêt d’investir dans de nouveaux projets gaziers à travers le monde. Cela signifie qu’après 2030, il y aura à nouveau une pénurie. Ces problèmes peuvent être discutés et débattus lors du sommet du GECF à Alger », a avancé M. Igor.

Tout en rappelant que le Forum des pays exportateurs du gaz est une organisation à caractère consultatif, l’expert russe n’écarte pas la possibilité que les pays du GECF peuvent à discuter à Alger de la possibilité « d’actions communes » sur les marchés du gaz afin de les stabiliser.

S’agissant du rôle de l’Algérie dans le marché gazier, M. Igor a souligné les capacités et les grandes opportunités de développement énergétique dont dispose « un pays qui assure l’approvisionnement énergétique de l’Europe sous toutes ses formes (gaz, pétrole, sources d’énergie renouvelables, hydrogène) »

En outre, l’Algérie peut aussi proposer à l’Europe une coopération dans le domaine de l’électricité en réalisant des centrales solaires en Algérie et en développant l’hydrogène, a encore souligné M. Igor.

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