L’enquête se poursuit mercredi sur la spectaculaire collision au sol entre deux avions survenue la veille à l’aéroport de Tokyo-Haneda, qui a fait cinq morts, plusieurs indices suggérant que l’avion de Japan Airlines, détruit par les flammes, n’était pas en tort.
Les 379 passagers et membres d’équipage du vol JAL516 ont tous survécu, ayant été évacués après la collision de l’avion de ligne lors de son atterrissage avec un appareil plus petit des garde-côtes japonais, qui, lui, se préparait à décoller.
Le choc a provoqué une grosse explosion et l’avion de la JAL a pris feu avant de s’immobiliser un peu plus loin. Il a entièrement brûlé après l’évacuation de tous ses occupants à l’aide de toboggans gonflables à l’avant. Quatorze personnes ont été légèrement blessées, selon les pompiers.
« C’est un miracle que nous ayons survécu », a commenté un passager de 28 ans, interrogé par le quotidien Nikkei après l’accident.
« Les compagnies aériennes doivent être capables d’évacuer tous les passagers et membres d’équipage d’un avion en 90 secondes », souligne auprès de l’AFP Doug Drury, un expert en aviation de l’Université de Central Queensland en Australie.
Cette règle fixée par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) oblige les fabricants d’avion à concevoir leurs appareils de façon à pouvoir tenir ce délai d’évacuation, et le personnel de bord s’entraîne régulièrement dans ce but, a ajouté cet expert.
C’est une procédure « compliquée » mais elle été menée ici de manière « irréprochable », a salué M. Drury. « Un facteur clé, c’est que personne n’a essayé ici de prendre ses bagages à main ! Il y a eu plusieurs accidents mortels par le passé, parce que quelqu’un avait sorti ses bagages en cabine », ralentissant ainsi l’évacuation de tous, a-t-il rappelé.
En revanche, cinq des six occupants de l’avion des garde-côtes sont morts. Seul le commandant de bord a réussi à évacuer, et a été gravement blessé.
Ils s’apprêtaient à décoller pour apporter des biens de première nécessité aux sinistrés du gigantesque séisme survenu lundi dans le département d’Ishikawa (centre du Japon), qui a fait au moins une soixantaine de morts.
- « Japan 516, continuez votre approche » –
L’avion JAL516, qui arrivait de Sapporo (nord du Japon), avait-il la permission d’atterrir? Interrogé mardi soir lors d’un point presse, un responsable de Japan Airlines a répondu: « D’après ce que nous avons compris, elle avait été donnée ».
Les échanges radio de la tour de contrôle de Tokyo-Haneda, que l’AFP a consultés sur le site LiveATC.net, confortent cette version.
« Japan 516, continuez votre approche », peut-on entendre de la part d’un contrôleur aérien à 17H43 locales (08H43 GMT), soit quatre minutes avant la collision.
Selon la suite de ces échanges radio communiqués mercredi par le ministère japonais des Transports, la tour de contrôle a demandé quelques minutes plus tard à l’avion des garde-côtes de se déplacer à un point d’arrêt, à l’écart de la piste.
Mais d’après un responsable des garde-côtes mentionné par la NHK, le pilote rescapé de cet appareil aurait affirmé juste après l’accident avoir obtenu la permission de décoller.
Une équipe d’experts du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français pour l’aviation civile devait arriver mercredi au Japon, l’avion de JAL étant un Airbus A350-900, produit à Toulouse.
Airbus a aussi annoncé envoyer une équipe d' »assistance technique » pour aider l’enquête du Bureau japonais de la sécurité des Transports (JTSB).
- Trafic toujours perturbé à Tokyo-Haneda –
Les débris de la carlingue carbonisée de l’appareil court-courrier des garde-côtes, un Dash 8 canadien, se trouvaient toujours mercredi sur une piste de Tokyo-Haneda jonchée de résidus, a constaté un photographe de l’AFP sur place.
« Nous sommes en train d’examiner la situation », de voir comment les débris sont « répartis » sur la piste et d’où ils provenaient, a déclaré mercredi Takuya Fujiwara du JTSB.
Plusieurs centaines de mètres plus loin repose la carcasse noircie de l’avion de Japan Airlines, échouée sur la pelouse entre la piste et la mer.
Les vols intérieurs à Tokyo-Haneda avaient tous été annulés mardi à la suite de l’accident, mais la grande majorité des vols internationaux ont continué d’être assurés.
Le trafic de l’aéroport est resté perturbé mercredi, surtout pour les vols intérieurs, avec de nombreuses annulations et retards, selon son site.
Les accidents impliquant des avions de ligne sont extrêmement rares au Japon. Le plus grave d’entre eux s’est produit en 1985, quand un avion de la Japan Airlines s’est écrasé entre Tokyo et Osaka, faisant 520 morts, l’une des catastrophes aériennes les plus meurtrières au monde.